Dans le cas des essais de réaction au feu, le scénario feu simule les premières phases d’un incendie, au cours desquelles les matériaux peuvent alimenter le feu et en favoriser la propagation. Il s’appuie sur des courbes de montée en température et sur l’application de flux de chaleur contrôlés, dont l’intensité peut varier entre 25 et 150 kW/m² selon les dispositifs. Ces flux sont transmis par rayonnement, convection ou, dans certains cas, conduction, bien que la plupart des situations combinent plusieurs de ces modes de transfert thermique. La durée d’exposition dépend des objectifs de l’essai : elle peut aller de quelques minutes à plusieurs dizaines de minutes, selon que l’on cherche à observer l’allumage, la propagation des flammes ou la quantité totale de chaleur dégagée. Ce type de scénario met en évidence des critères tels que la production de chaleur (pic et cumul), la vitesse de propagation de la flamme, ou encore la quantité de fumées et de gaz toxiques émis — des paramètres déterminants pour l’embrasement généralisé et les conditions d’évacuation.

Dans les essais de résistance au feu, le scénario feu vise à reproduire les conditions d’un incendie pleinement développé. Il repose sur l’application de courbes temps-température normalisées, telles que la courbe ISO 834, qui atteint environ 945 °C en une heure. Pour des environnements à risque élevé, comme les sites industriels, les plateformes offshore ou les infrastructures souterraines, d’autres courbes plus sévères sont utilisées, telles que la courbe hydrocarbure UL 1709 ou les essais jet fire, qui traduisent une montée en température plus brutale. Ces scénarios combinent des transferts thermiques intenses, à la fois radiatifs et convectifs, et peuvent intégrer des charges mécaniques pour simuler le comportement réel d’un élément porteur. L’exposition peut durer 30 minutes, 1 heure, 2 heures, voire jusqu’à 4 heures, en fonction des exigences normatives et du type de bâtiment.

La conception du scénario feu prend également en compte les contraintes propres aux matériaux de structure. Pour l’acier, par exemple, la température critique est généralement située autour de 500 °C, seuil au-delà duquel la perte de résistance mécanique compromet la stabilité de l’ouvrage. Le scénario permet alors d’évaluer le temps nécessaire pour atteindre cette température, ce qui détermine le temps d’évacuation disponible pour les occupants et le délai d’intervention pour les secours. Ces aspects sont particulièrement cruciaux dans les établissements recevant du public (ERP), les bâtiments de grande hauteur, les plateformes offshore ou les tunnels, où l’évacuation peut être rendue complexe par la configuration des lieux, le confinement des fumées ou les risques de propagation rapide. Dans ces cas, des scénarios feu spécifiques sont nécessaires pour garantir un niveau de sécurité adapté à l’environnement concerné